
L’IRCL, par sa politique de soutien à la recherche en cancérologie dans les Hauts-de-France a décidé de financer 3 nouvelles bourses de thèses sur 3 ans à partir de 2024, en partenariat avec le Conseil Régional Hauts-de-France. Le choix du comité scientifique de l’IRCL s’est dirigé vers 3 sujets porteurs : Les cancers colorectaux, l’amélioration des traitements en chimiothérapie et le cancer de la prostate, vous trouverez le détail de chaque projet ci-dessous :
1) Becuwe Thomas, étudiant en 1ère Année de Doctorat.
Laboratoire : Unité de Glycobiologie Structurale et Fonctionnelle (UGSF) UMR 8576 CNRS / Université de Lille. Equipe : Régulation des mécanismes moléculaires et cellulaires par la O-GlcNAcylation. Bâtiment Oncolille
Projet de thèse : Régulation de la migration des cellules cancéreuses par une modification réversible des protéines dépendante de l’apport nutritionnel
Les cellules cancéreuses consomment énormément de ressources énergétiques, comme le glucose présent dans notre alimentation, pour proliférer et migrer de manière anormale. Des études ont démontré que les patients souffrant de troubles métaboliques, comme par exemple le diabète, avaient 30% de risque en plus de développer un cancer colorectal. La migration est une étape cruciale pour la formation des métastases. En laboratoire, les chercheurs ont observé qu’une cellule cancéreuse migre moins lorsque les ressources en glucose sont limitées. La migration cellulaire s’effectue via différents mécanismes moléculaires, et notamment par la formation dynamique de « Plateformes Moléculaires Associées à la Membrane Plasmique » (PMAP) qui font le relais entre l’environnement extracellulaire et le cytosquelette des cellules pour promouvoir leur mobilité. De nouvelles données de notre équipe de recherche nous amènent à penser que la formation et l’activité de ces plateformes pourraient être régulées par une modification réversible de certains de leurs composants, appelée O-GlcNAcylation. Cette modification des protéines a la particularité d’être dépendante des apports nutritionnels et en particulier du glucose. Le but de ma thèse est de comprendre comment l’apport en glucose, par l’intermédiaire de la O-GlcNAcylation, influe sur l’activité de protéines spécifiques des PMAPs et permet aux cellules cancéreuses de migrer. Comprendre comment bloquer la migration, c’est empêcher la dissémination du cancer, et à plus long terme sauver des vies.
2) Léa Bouvignies, étudiante en 1ère année de Doctorat
Laboratoire : CANTHER « Cancer Heterogeneity, Plasticity and Resistance to Therapies » UMR 9020 CNRS – U1277 Inserm – Université de Lille – CHU de Lille- Institut Pasteur de Lille, équipe TARGET « Efficacy and Resistance to anti-tumor targeted Therapies ». Bâtiment Oncolille.
Projet de Thèse : Comprendre l’apparition des cellules neuroendocrines dans le cancer de la prostate après un traitement par hormonothérapie.
Le cancer de la prostate évolue selon différents stades. Il est d’abord dépendant des androgènes, hormones stéroïdiennes mâles, puis, après hormonothérapie, il devient résistant aux traitements. Une étude récente de notre équipe a montré que 16% des cancers de la prostate résistants aux hormonothérapies sont des cancers neuroendocrines, cancers très agressifs et diagnostiqués tardivement faute de marqueurs efficaces. En effet, le PSA, marqueur diagnostic du cancer de la prostate, n’augmente pas dans cette forme de cancer, ce qui rend difficile le diagnostic précoce des cancers neuroendocrines. De plus, sans traitement adapté, cette forme de cancer est en impasse thérapeutique. Mon projet de thèse porte donc sur l’identification des mécanismes moléculaires associés à l’émergence des cancers neuroendocrines. Le but est d’identifier un ensemble de gènes impliqués dans cette émergence afin de définir des marqueurs prédictifs et d’identifier des cibles thérapeutiques.
3) Yassine SLEIMI, étudiant en 1ère année de Doctorat
Laboratoire de physiologie cellulaire : Équipe inflammasome et canaux ioniques, Bâtiment Oncolille
Projet de Thèse : Le macrophage, une nouvelle cible thérapeutique contre les neuropathies induites par la chimiothérapie La chimiothérapie est un traitement essentiel contre le cancer, mais elle peut provoquer des effets secondaires graves. Parmi eux, la neuropathie périphérique, qui affecte le système nerveux et touche de nombreux patients, peut entraîner des douleurs et des troubles sensoriels, comme une hypersensibilité au froid. Cette complication représente un défi majeur pour la prise en charge des patients atteints de cancer, car elle peut les contraindre à réduire ou arrêter leur traitement. Mon travail de recherche a pour objectif de comprendre comment une cellule immunitaire, le macrophage, participe à cette inflammation et à la douleur induites par l’oxaliplatine, un médicament de chimiothérapie. En ciblant cette inflammation, nous espérons trouver de nouvelles solutions pour soulager ces douleurs et améliorer la qualité de vie des patients sous chimiothérapie.
L’IRCL remercie chaleureusement l’ensemble de ses donateurs, ses mécènes et la Région Hauts-de-France qui ont pu rendre possible ces financements qui permettront à ces 3 jeunes talents de se former en vue d’un Doctorat en sciences tout en apportant un coup de pouce à la recherche sur le cancer sur 3 sujets majeurs.