Historique
La fondation naît en 1936 de fonds publics à l’initiative d’Edmond Labbé, du professeur Oscar Lambret, spécialiste du cancer, et du président américain Herbert Hoover. C’est aujourd’hui l’une des principales fondations reconnues d’utilité publique dédiée à la lutte contre le cancer.
Dès sa création, l’IRCL est organisé en un institut qui rassemble les chercheurs en chimie, biologie, physique et médecine expérimentale. Cette approche multidisciplinaire, inédite à l’époque, a permis à l’IRCL de réaliser des avancées scientifiques majeures dans la lutte contre le cancer.
Des travaux pionniers de la recherche contre le cancer
Pleinement lancé en 1945, l’IRCL est jusqu’aux années 60 l’un des seuls centres de recherche en France consacré au cancer. A cette époque, on ne connaît que les manifestations cliniques de la maladie et sa capacité à former des métastases, mais la biologie des tumeurs reste méconnue.
L’IRCL soutient aussi des travaux pionniers de microcinématographie qui explorent les effets de la radiothérapie et de la chimiothérapie et permettent de comprendre comment les cancers naissent et se développent : des progrès essentiels pour mieux soigner les patients.
Les chercheurs soutenus par l’IRCL s’attachent d’abord à caractériser les cancers au niveau moléculaire et cellulaire, pour mieux comprendre la maladie. Ils utilisent les microscopies optique et électronique pour observer les cellules cancéreuses et la biochimie pour caractériser leurs constituants.
Le rôle des protéines décrypté à Lille : un pas de géant pour comprendre le cancer
Dans les années 70 et 80, les chercheurs de l’IRCL mènent des travaux de recherche fondamentale essentiels pour comprendre la structure des protéines associées à l’ADN, et en particulier des histones, qui jouent un rôle clef dans le développement du cancer.
A la fin des années 80, l’IRCL a aidé à explorer les mécanismes impliqués dans la cancérogenèse chimique et mis en évidence des lésions de l’ADN induites par certains cancérogènes.
A partir des années 90, les équipes soutenues par l’IRCL développent une très grande expertise, dans l’étude du mécanisme d’action des médicaments anticancéreux ciblant l’ADN. Cette expertise est toujours d’actualité aujourd’hui et a permis de nouer de nombreuses collaborations internationales avec des équipes de chimie thérapeutique.
L’explosion de la génomique du cancer et de ses applications au bénéfice des patients
Les équipes de recherche soutenues par l’IRCL contribuent depuis plus de 30 ans au vaste mouvement international de l’étude génomique des cancers. Les avancées scientifiques réalisées à Lille sont saluées au niveau national et international, dans la caractérisation des anomalies génétiques des leucémies de l’adulte et des cancers du sang. Le soutien de l’IRCL dans l’acquisition des premières puces à ADN a été décisif dans cette avancée.
Les résultats de cette recherche fondamentale ont très vite permis de mieux soigner les patients atteints de leucémies. La caractérisation des anomalies génétiques particulières de leurs cellules tumorales fournit des informations très précieuses pour mettre en place leur traitement et prédire l’évolution de leur maladie.
La découverte de gènes impliqués dans le développement des lymphomes a eu un impact médical majeur : elle a modifié la prise en charge des malades et permet aujourd’hui de mieux choisir leur traitement.
Les biologistes et médecins du laboratoire d’onco-hématologie et du service des maladies du sang du CHRU de Lille, qui font partie des équipes de recherche soutenues par l’IRCL, sont en pointe dans ces développements cliniques au niveau national.
Jean-Pierre Kerckaert, une carrière exceptionnelle dans la lutte contre le cancer.
Ce développement emblématique de la génomique du cancer et de ses applications médicales a été mené de manière magistrale par Jean-Pierre Kerckaert (1944 – 2017), chercheur Inserm et pilier de l’IRCL pendant 40 ans. Il a notamment développé une plate-forme de génomique très performante, qui permet de mieux caractériser les cancers et d’autres pathologies, d’en améliorer le diagnostic, l’évaluation pronostique et le choix du traitement à utiliser.
La dormance tumorale : une problématique majeure pour éviter les récidives
La dormance tumorale est un problème majeur en oncologie, à l’origine de la récidive des cancers. Après un traitement initial ayant conduit à une rémission complète, un petit nombre de cellules persistantes ou dormantes peuvent en effet échapper au traitement et conduire à la récidive.
Ces cellules sont très difficiles à détecter. L’équipe du Professeur Bruno Quesnel a construit dès 2004, avec l’aide de l’IRCL, un modèle expérimental original pour étudier la dormance tumorale des leucémies. L’équipe aujourd’hui est leader de l’étude de la dormance tumorale en France. Son expertise est reconnue au niveau international. Elle a notamment identifié divers mécanismes qui pourraient être à l’origine de leur échappement au traitement et cherche maintenant de nouveaux moyens de les cibler.
La piste intéressante de la relation entre cellules dormantes et cellules souches tumorales a été notamment explorée.
Les microsystèmes : pour modéliser le développement des cancers
Le recours à des systèmes microélectromécaniques pour l’analyse et la modélisation de phénomènes biologiques connaît actuellement un développement fulgurant.
L’IRCL s’est engagé en 2016 dans cette voie prometteuse en accueillant l’équipe franco-japonaise de biophysiciens du Professeur Dominique Collard. Les premiers travaux appliqués au cancer ont commencé en collaboration étroite avec les biologistes et les médecins des autres équipes de l‘IRCL.
De nouvelles technologies de pointes pour le dépistage précoce, la chirurgie guidée et robotisée, et l’aide à la décision
Le développement de nouvelles technologies basées sur la spectrométrie de masse à permis l’essor de nouveaux instruments permettant des analyses en temps réel basées sur des données moléculaires tel que le SpiderMass.
De nouvelles thérapies pour le traitement du cancer du sein et du cerveau
Le professeur Salzet et le Dr. Marie Duhamel développent une nouvelle immunothérapie basée sur des cellules qui jouent un rôle dans la première ligne de défenses, les macrophages.
Une thérapie basée sur l’emploi de Macrophages exprimant un récepteur reconnaissant des molécules spécifiques exprimées par la tumeur, ou implantés dans la tumeur sera testé dans une étude clinique sur le cancer du sein triple négatif pour des patients en échec thérapeutique.
Si celle-ci est concluante, cette nouvelle thérapie, les CAR-Macrophages permettra d’offrir aux patients de nouveaux espoirs. Les travaux seront ensuite étendus à d’autres types de cancers très agressifs et en impasses thérapeutiques.
Une meilleure connaissance du Microenvironnement Tumoral
L’équipe du dr. Suman Mitra d’OncoLille a montré que l’acidité des tumeurs nuit à l’efficacité des thérapies anticancéreuses. Les tumeurs ont un environnement plus acide (pH 6, 5) que les tissus sains normaux (pH 7, 2).a montré pour la première fois que cette acidité bloque les activités des cytokines – protéines essentielles au développement de puissantes réponses anti-tumorales et utilisées en immunothérapie pour activer ou améliorer la réponse de l’organisme.
Face à ce constat, l’équipe de recherche a décidé de concevoir de nouvelles cytokines capables de résister à l’acidité présente dans l’environnement tumoral, conduisant à des réponses anti-tumorales plus efficaces. L’équipe souhaitent désormais poursuivre le développement de ces nouvelles cytokines sélectives au pH et prévoient de démarrer de premiers essais cliniques d’ici quelques années.